Je me ballade à l’orée
au fil des atomes étoilés
vers nulle part.
Démunie de savoir
en amont explicité,
je glisse sur les peaux de bananes
et délie les noeuds
des jeux de dérapages.
Aux matins,
j’apprends les dédales
de mon enchantement.
Je suis née
un bâton à la main
à porter loin
à mon tour,
nourrie de ma vision
des paysages traversés.
Je parcours l’écart invisible
d’une 25ème heure,
guidée par une musique indicible,
au rythme de l’ineffable.
Cette quête inéluctable
me dresse à l’infini.
Je vois en creux
les aspérités des contrastes,
en bosses,
la fraîcheur claire des murmures.
J’entends les rires insolents
des couleurs désobéissantes
qui sans cesse
cherchent la chamaille.
J’accommode mon souffle
à cette pluie arrogante.
Je reçois les bruissements du monde,
provocants, en apesanteur
comme les sourires gracieux
d’espaces atmosphériques,
J’ouvre les yeux sur les viviers poétiques
qui s’ébrouent, chantent, dansent,
sans peurs et sans reproches...
Les phrases de la terre
Se dénouent voluptueusement.
Mes poumons s’aèrent de lumière
à la saisie des phénomènes
d’une dictée de l’univers.
Oiseau ivre dans l’air des aires,
je joue des langages offerts
afin d’accueillir
l’horizon chanté de la vie.
Mes bottes ont sept lieues,
toute crottées de peinture.
Je passe mon chemin
soulevée par des lignes de fuite,
géométrie d’un écart lumineux vide,
plein d’espaces- pluriels.
Voyante aveugle, je marche.
J’avance à l’oreille,
je saute au nez, les pieds joints,
juste au point de fuite de ma vision,
où mon corps soulevé
s'alloue aux gestes de ma danse bleutée,
transparente éphéméride.
Et je sème des ors éthérés
comme s’il s’agissait de balles de billard
ricochant au bord des lignes inventées,
visant à marquer de leur sang rouge,
les verts projetés.
La musique me promène
et ma peinture fait preuve des dédales chantés,
des clairières probables encore,
des miroirs traversés à l’infini
des trames inénarrables,
portées, renouvelées,
offrandes des possibles toujours,
changeantes au gré du souffle,
ce dernier, chef d’orchestre,
chorégraphe de mon tracé.
Mon sentiment porte
mon corps à l’ouvrage.
Là où je sens, j’y suis.
Lenoir et le blanc du dedans,
génèrent lignes fines et aériennes,
qui harponnent la couleur de l’entendu,
jonglent avec les règles
et construisent leurs lois de l’instant,
sous la dictée d’une grammaire
maîtresse des lieux.
Chaque couleur a ses heures de grâce
et s’affirme comme une nécessité,
via un dictat drastique.
Tout esprit inventif
cherche à libérer la pierre de son poids,
à jeter des cailloux au ciel
pour les fixer dans leur course
exactement aux côtés des étoiles.
Tel est l’ enjeu du désir marchant,
fruit d’un élan primitif,
épris des lumières qu’il séduit,
afin qu’elles se laissent prendre,
s’avèrent consentantes,
décidées à ne jamais lui fausser compagnie,
au ciel de sa mémoire.
« Ce n’est pas tout d’aimer la peinture.
Encore faut-il que celle-ci vous aime ».(Dali)
Humblement je l'aime et chaque jour,
me demande de façonner un mieux aimé encore...
"Le peintre, d'une longue expérience, acquiert son unique trait de pinceau". Humblement, pièce à pièce, il ajoute, retire, divise, exalté tente, reconstruit, donne à voir les effets de son insubordination, en son nom. Nomade constant, son ouvrage décrit l'espace d'un vaste territoire. De ses semailles, chante et danse la récolte de jeux de formes, de couleurs, de matières... Il ouvre et donne à voir un monde : le sien ! Catherine Catski Cisinski
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