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jeudi, mars 07, 2019




L’évasion créatrice.












La voie de l’art s’emprunte sans lamentation, naïvement sans calcul spéculaire vers nulle part.
Un vif élan naturellement nous pousse.

Il naît de l’autorité intime préverbale, qui à la« question pourquoi », répond :
«_ parce que ! »
Sur cette voie rode un désir de comprendre, d’apprendre, mué par l’étonnement des traversées de champs inédits.

Préférence est donnée aux chemins inégaux, chaotiques, incertains, traçant des perspectives afin que corps et âme, tout se mette en mouvement, énonce, et décrive un espace/temps, une chronométrie au service d’une ébauche du monde.

En réalité, il est beaucoup moins question de viser l’acquisition d’un savoir, que d’apprendre à accueillir les offrandes du vide, car c’est là, dans l’interstice, que tout est chaque fois possible.
L’aventure de l’évasion créatrice n’induit pas qu’on se fuit.
C’est tout le contraire !
L’avance à chaque pas, propulse vers la trouvaille de soi, dessine sans complaisance la singularité de notre circonscription d’où ce que nous exprimons fait sens.

La grande loi du vivant, la seule qui alors vaille, s’exerce dans le champ constructeur du beau, tributaire de l’harmonie. Ça tient… ou pas !

Quelque soit son ampleur, chaque oeuvre figure le reflet d’une étape qui dit par où l’on passe. Comme pour le cycliste, l’arrêt devient impossible, sinon c’est  la chute.
De facto, ce souci du mouvement s’avère notre familier au creux de notre discours et dans chaque acte que l’aspiration à créer ne saurait déserter.

L’extraordinaire d’une voie habitée par l’art, tient dans le fait que  ça ne déserte jamais le désir, 24h/24… quoiqu’on vive ou fasse, notre concentration s’accroit comme cette fichue dimension humaine qui s’élargirait sans limite possible. Nos sens exerçant le déploiement d’une pensée aux aguets, nous a engagé vers un aller simple, sans retour.

Quiconque fréquente une personne allant toute entière sur cette voie, doit considérer son mouvement perpétuel comme tuteur de l’âme au point de ne pouvoir s’autoriser à le remettre en doute, vu que le moindre déni d’un tel principe, anéantirait la dite personne en son fond.

Aimer et créer sont une et même question.
Aimer induit l’exercice d’un art, envers lequel, chacun est toujours perfectible.
Le but sera à jamais le chemin qui nous mène.
Catski Cisinski Durand.



vendredi, mars 01, 2019

Où créer m'entraîne

Je me ballade à l’orée au fil des atomes étoilés vers nulle part. Démunie de savoir en amont explicité, je glisse sur les peaux de bananes et délie les noeuds des jeux de dérapages. Aux matins, j’apprends les dédales de mon enchantement. Je suis née un bâton à la main à porter loin à mon tour, nourrie de ma vision des paysages traversés. Je parcours l’écart invisible d’une 25ème heure, guidée par une musique indicible, au rythme de l’ineffable. Cette quête inéluctable me dresse à l’infini. Je vois en creux les aspérités des contrastes, en bosses, la fraîcheur claire des murmures. J’entends les rires insolents des couleurs désobéissantes qui sans cesse cherchent la chamaille. J’accommode mon souffle à cette pluie arrogante. Je reçois les bruissements du monde, provocants, en apesanteur comme les sourires gracieux d’espaces atmosphériques, J’ouvre les yeux sur les viviers poétiques qui s’ébrouent, chantent, dansent, sans peurs et sans reproches... Les phrases de la terre Se dénouent voluptueusement. Mes poumons s’aèrent de lumière à la saisie des phénomènes d’une dictée de l’univers. Oiseau ivre dans l’air des aires, je joue des langages offerts afin d’accueillir l’horizon chanté de la vie. Mes bottes ont sept lieues, toute crottées de peinture. Je passe mon chemin soulevée par des lignes de fuite, géométrie d’un écart lumineux vide, plein d’espaces- pluriels. Voyante aveugle, je marche. J’avance à l’oreille, je saute au nez, les pieds joints, juste au point de fuite de ma vision, où mon corps soulevé s'alloue aux gestes de ma danse bleutée, transparente éphéméride. Et je sème des ors éthérés comme s’il s’agissait de balles de billard ricochant au bord des lignes inventées, visant à marquer de leur sang rouge, les verts projetés. La musique me promène et ma peinture fait preuve des dédales chantés, des clairières probables encore, des miroirs traversés à l’infini des trames inénarrables, portées, renouvelées, offrandes des possibles toujours, changeantes au gré du souffle, ce dernier, chef d’orchestre, chorégraphe de mon tracé. Mon sentiment porte mon corps à l’ouvrage. Là où je sens, j’y suis. Lenoir et le blanc du dedans, génèrent lignes fines et aériennes, qui harponnent la couleur de l’entendu, jonglent avec les règles et construisent leurs lois de l’instant, sous la dictée d’une grammaire maîtresse des lieux. Chaque couleur a ses heures de grâce et s’affirme comme une nécessité, via un dictat drastique. Tout esprit inventif cherche à libérer la pierre de son poids, à jeter des cailloux au ciel pour les fixer dans leur course exactement aux côtés des étoiles. Tel est l’ enjeu du désir marchant, fruit d’un élan primitif, épris des lumières qu’il séduit, afin qu’elles se laissent prendre, s’avèrent consentantes, décidées à ne jamais lui fausser compagnie, au ciel de sa mémoire. « Ce n’est pas tout d’aimer la peinture. Encore faut-il que celle-ci vous aime ».(Dali) Humblement je l'aime et chaque jour, me demande de façonner un mieux aimé encore...